Actualités du Grand Paris / Le conseil scientifique de l’AIGP | ||
Grand Paris : le pire serait de ne rien faireUn collectif d’universitaires, urbanistes, responsables associatifs et acteurs économiques rappelle sur le site Métropolitiques.eu et dans Libération les enjeux de la création d’une métropole du Grand Paris suite au refus par le Sénat du projet de loi sur la métropole du Grand Paris. Pour eux, il est urgent d’engager ces transformations tant le statu quo est devenu intenable.
« Le 15 mai 2012, à l’hôtel de ville de Paris, le Président de la République prit l’engagement de créer une métropole parisienne dotée de pouvoirs réels. Un an plus tard, le Sénat a refusé toute évolution institutionnelle dans la région capitale. Il ne nous revient pas d’écrire la loi, mais nous nous joignons aux nombreux habitants et acteurs impliqués dans le Grand Paris pour dire aux élus : le statu quo n’est pas tenable. En 1945, la région parisienne comptait 6,5 millions d’habitants. Elle en héberge aujourd’hui près du double, sans compter les dizaines de millions de touristes qui passent dans la capitale. Un Francilien sur deux habitait Paris intra-muros, contre moins d’un sur cinq aujourd’hui. Des centaines de milliers d’emplois industriels ont disparu et Paris reste aujourd’hui un des centres mondiaux de la création, la technologie et les services aux entreprises. Toujours compliqués, les rapports avec la France ont dépassé l’opposition stérile entre Paris et le désert français. Paris était une ville capitale, elle est devenue le cœur d’une métropole mondiale. Au quotidien, on oublie l’ampleur de cette transformation qui bouscule nos modes de vie et nos économies : nous inventons une nouvelle société depuis 50 ans. Nos villes en portent la marque. Longtemps, cette mutation s’est faite sans heurts : entre interventions massives (villes nouvelles, grands ensembles, RER, etc.) et moments agités (mai 1968), un sens des équilibres économiques et humains était préservé. Les années 2000 marquent une rupture : les émeutes violentes se sont multipliées, la dynamique économique a freiné plus qu’ailleurs, la construction de logements et de transports s’est grippée. La tentation du repli sur soi a frappé les entreprises, les quartiers, les élites. Les raisons ne manquent pourtant pas de penser que (le Grand) Paris s’écrit toujours au futur : Une métropole riche de ses habitants, de son Histoire, de ses quartiers : malgré des difficultés, cette métropole construite sur l’ouverture aux autres et au monde assimile la diversité de ses populations, joue de son patrimoine sans s’y enfermer, suscite la créativité et le rayonnement de ses talents. Beaucoup d’élus se sont mis en mouvement, notamment via la conférence métropolitaine. Changer les rapports entre Paris et la banlieue n’est pas la moindre des démarches engagées : équilibrer des relations marqués par l’inféodation de tout ce qui n’était pas parisien est une tâche ardue. Cette énergie n’est toutefois pas inépuisable : elle a besoin d’être soutenue et accompagnée. Il revient au Parlement d’installer un cadre institutionnel et un calendrier qui permettront à chacun, élu, citoyen ou acteur économique, social ou associatif de jouer son rôle dans la construction au quotidien de la métropole. Partout dans le monde, les défis métropolitains transforment l’action politique. Quand Lyon et Marseille (bon gré mal gré) s’inscrivent dans ce processus, Paris ne peut rester à l’écart. Le pacte métropolitain que nous appelons de nos vœux repose sur quelques principes simples : Considérer l’importance des citoyens, de la société civile, des entreprises, dans la dynamique métropolitaine. On ne pourra pas construire la métropole sans celles et ceux qui la font vivre. Le respect des territoires, c’est aussi le respect des citoyens et des acteurs locaux : cela passe par le fait qu’ils ne soient pas les otages d’arbitrages coinçant tout le monde dans un entre-deux bancal par absence de choix. Les responsabilités sont partagées dans la situation actuelle. Le rejet par le Sénat a pu se nourrir de l’impression d’un recul : certains territoires pansent encore les plaies de décennies d’arrogance parisienne et le texte comme les négociations qui l’ont précédé ont alimenté la crainte que la métropole cache un retour du suzerain parisien. On a aujourd’hui le sentiment d’un malentendu : après des efforts conséquents de chacun et alors que des objectifs communs sont partagés, les discussions sur la loi renvoient le collectif francilien dix ans en arrière. Il faut, pourtant, qu’une avancée soit possible. Si le texte fait une place à la diversité des banlieues, une discussion est concevable. S’il fait droit aux notions de coopération et d’écoute mutuelle qui se sont construites dans les débats, que ce soit à Paris Métropole, à l’occasion du SDRIF, ou sur le Grand Paris Express, un accord est accessible. Si le texte de loi n’organise pas de vassalisation, s’il fait une place pour les acteurs et les citoyens, un consensus doit être obtenu. Les citoyens ont conscience que leur avenir et celui de leurs territoires se joue en ce moment. Les acteurs économiques et associatifs sont impatients que le Grand Paris advienne. Des observateurs de toute la planète scrutent la région parisienne en y cherchant l’émergence d’un modèle métropolitain innovant. Arrivée aux responsabilités dans les deux dernières décennies, une génération d’élus décide maintenant de l’avenir de la région, de notre avenir à tous. Beaucoup sont respectés pour ce qu’ils ont réalisé depuis dix ans. Il serait dommage de ne pas être à la hauteur de ce rendez-vous historique ». Marie-Hélène Bacqué (université Paris-Ouest Nanterre La Défense)
source: Métropolitiques.eu - http://www.metropolitiques.eu/Grand-Paris-le-pire-serait-de-ne.html |
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