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Grand Paris en chantier - questions à débattre - tribune de Daniel Béhar

Daniel Béhar

Cette tribune est parue sur le site de Libération

En 2008, le projet du Grand Paris est lancé en plaçant très haut la barre. La consultation internationale explore les enjeux inédits posés par la question métropolitaine en combinant le « dire » (une ville sans limite jusqu’à la mer, fonctionnant en rhizomes…) et le « faire » (ici le déplacement des gares parisiennes sur le périphérique, là une forêt d’un million d’arbres à Roissy…). Huit ans après, à l’aune de cette ambition, les engagements paraissent bien modestes : d’un côté une gouvernance fragmentée par l’addition d’une institution métropolitaine étriquée sur tous les plans (périmètre, compétences…) et de l’autre une infrastructure lourde de transports comme dans les trente Glorieuses ! D’aucuns – bien souvent des architectes nostalgiques de leurs relations au Prince – y voient la marque de l’absence d’un pilote et d’un grand dessein. C’est en réalité mal connaître les dynamiques de changement qui font le propre des situations métropolitaines contemporaines.


Derrière la création de la Métropole du Grand Paris se cache la véritable mutation politique : la couverture intercommunale exhaustive du Grand Paris selon une maille de 3 à 400 000 habitants en moyenne. Et ce changement d’échelle de la gouvernance locale conduit les élus à changer de perspective. Partout la même question est à l’ordre du jour : comment chacun de ces morceaux de métropole affirme sa singularité tout en composant avec ses voisins ?

Quant au projet de métro, ce n’est pas qu’un moyen de transports. Une société mobile, très réactive comme l’est la société métropolitaine n’attend pas son ouverture à partir de 2025 pour anticiper ses effets et changer la physionomie des territoires métropolitains. Pendant que les acteurs publics se focalisent sur l’aménagement des futurs quartiers de gares, les ménages ou les entreprises ouvrent davantage le jeu et s’intéressent à des territoires plus discrets, jusqu’à présent hors marché.

Enfin, derrière la dimension très « marketing » de l’opération « Réinventer Paris » et maintenant de celle des « hubs du Grand Paris », les politiques sont en train de prendre acte de l’épuisement du modèle français d’aménagement, séquençant la production urbaine entre la planification et la programmation pilotées par les pouvoirs publics et la réalisation en aval confiée au privé. C’est une dynamique de décloisonnement radical des rôles et des modes de faire qui est amorcée.

Parce que le chantier de transformation du Grand Paris est ainsi pleinement engagé, ce sont des questions nouvelles qui doivent maintenant structurer le débat public, mobiliser chercheurs, acteurs et citoyens.

Si la gouvernance métropolitaine se transforme vers le « en plus grand », doit-elle se limiter à une politique des affaires étrangères où chaque territoire cherche à réguler ses rapports de concurrence et de complémentarité avec ses voisins ? Comment maintenant aborder les transformations de la gestion urbaine, au sein de chaque territoire, rendues indispensables par les mutations des modes de vie des métropolitains ? Comment passer d’une politique de gestion de « bassins de vie » locaux à la prise en compte d’un fonctionnement en archipels, des entreprises et des ménages métropolitains ?

Si le métro a d’ores et déjà des effets de transformation des territoires du Grand Paris, qu’adviendra t il lors de sa mise en service ? Les impacts ne seront-ils pas alors différents des prévisions actuelles ? Par exemple quand on sait que l’amélioration des déplacements au quotidien qu’il va provoquer, induira mécaniquement une réduction de la mobilité résidentielle, c’est-à-dire des besoins de déménagement.

Enfin si de Réinventer Paris à Réinventer la Seine, la mutation des modes de production urbaine est engagée, celle-ci ne peut faire l’économie du changement d’échelle : comment passer de la transformation des lieux à celle des interdépendances et des systèmes constitutifs du fait métropolitain ?

Le Grand Paris est en chantier. La pensée métropolitaine doit l’être aussi.

DANIEL BEHAR
Géographe, professeur à l’Ecole d’Urbanisme de Paris (Université Paris Est).

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