Déjà la COP 21 et le Pacte d’Amsterdam pour un agenda urbain européen, bientôt la conférence Habitat III pour un agenda urbain mondial, autant d’évènements majeurs, plus ou moins bien connus du grand public, qui interrogent sur la place des villes dans la solution des problèmes critiques de ce siècle. Les grandes métropoles mondiales du Nord et du Sud se voient attribuer une responsabilité particulière dans cette recherche de solutions, du fait de leur taille certes, mais aussi parce qu’elles jouent un rôle majeur dans la croissance mondiale et qu’elles sont très exposées médiatiquement. Chacun s’accorde à dire que nous nous trouvons à un moment charnière où c’est bien notre modèle de développement qui est en cause : Compétitivité et concurrence, ou solidarité, soutenabilité et coopération. C’est ainsi qu’un des points majeurs de discussion de la conférence Habitat III porte sur la reconnaissance d’un droit à la ville pour tous, que contestent bien des Etats du Nord. De plus, la métropolisation actuelle et ses effets négatifs, comme produit du capitalisme financier, est souvent désignée comme la cause du mal vivre urbain .
Les principaux défis communs que doivent relever les grandes métropoles mondiales ont été déterminés :
- la fin du séparatisme social et de la spéculation,
- la conduite, à marche forcée, de la transition écologique,
- le traitement de la pauvreté urbaine, et le droit à l’habitat décent
- l’accueil digne des migrations inéluctables de tous types
- la mise en place de formes modernes de démocratie participative associant les habitants à la conception et à la réalisation des projets
Il suffit d’être à l’écoute pour constater à quel point les attentes vis-à-vis de la France et du Grand Paris sont importants chez bien des pays pour aider à définir et à mettre en place des solutions adaptées.
Quels signaux a envoyé jusqu’ici le Grand Paris aux autres métropoles souvent regroupées dans plusieurs réseaux métropolitains constitués comme lobbies internationaux et plateformes de coopération et d’échanges ?
- des signaux positifs : La maîtrise des technologies nouvelles avec le souci de les contrôler au service de l’intérêt général, sa grande expérience en matière de « politique de la ville », mais aussi la richesse des propositions formulées par ses chercheurs, ses professionnels et ses urbanistes (l’AIGP y a tenu toute sa place).
- des signaux négatifs : L’absence de démocratie réelle dans les nouvelles institutions et dans l’élaboration d’un projet métropolitain, un accueil très insuffisant des réfugiés du Moyen Orient, la banalité des actions en matière de transition écologique, rien de très sérieux contre le séparatisme social.
Mais rien n’est encore perdu : la présence diplomatique de la France reste forte ; la maire de Paris pourrait jouer un rôle éminent dans un des regroupements métropolitains importants ; dans tous les débats, une capacité énorme d’initiative citoyenne s’est révélée, et le projet métropolitain reste à faire. On nous observe.
Robert Spizzichino
Ingénieur-urbaniste