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Système ouvert, les nouveaux mondes du Grand Paris - TVK / ACADIE / GÜLLER GÜLLER / BAS SMETS
MÉTROPOLISATION 1 / ACTE FONDATEURLe Paris de la fin du XIXe siècle représente l’archétype de l’idée de métropolisation, capable de convoquer les intelligences et la créativité du monde entier. Paris devient un réseau global et cet âge de l’optimisme technologique prépare le terrain à la future mise en route des mécaniques de la modernité. MÉTROPOLISATION 2 / LES MÉCANIQUES MODERNES À L’OEUVREAprès-guerre, la culture de la planification moderne parvient à faire face dans l’urgence aux défis des migrations de masse et à la rapide croissance de la population en Île-de-France, grâce à une recette fondée sur des piliers méthodologiques simples et efficaces sur le court terme :
MÉTROPOLISATION 3 / LES OBSESSIONS DE LA GRANDEURDepuis l’âge glorieux des villes nouvelles, de nombreux changements sont intervenus : la décentralisation, la constitution progressive d’un fonctionnement spécifique des différents territoires d’Île-de-France, la mutation du rôle de l’État… Progressivement, à mesure que le contexte se transforme, la capacité des recettes modernes et postmodernes à maîtriser l’étalement urbain s’affaiblit. Pourtant, deux aspirations historiques continuent encore aujourd’hui d’orienter la politique d’aménagement de la métropole : – le culte de la performance, qui consacre la culture de l’objectif chiffré, aiguillon de moins en moins efficace d’une politique qui ne parvient plus à atteindre ses cibles. Elle s’applique aujourd’hui à la construction de logements comme à la qualité environnementale ; – le règne du grand dessin, qui célèbre l’image finie, illusoire fixation du projet dans le plan et dans le temps, d’emblée promise à l’inachèvement. C’est cette permanence que le polycentrisme des contrats de développement territorial réactualise. Ainsi, les outils mis en place à l’occasion du Grand Paris, derniers avatars de ces mécaniques de la grandeur, méritent d’être réévalués à l’aune d’une plus claire prise en compte des réalités concrètes du Grand Paris vécu et habité. TRANSITIONSAu lieu de tenter de plier la réalité au dessein de nos ambitions, on devra alors s’efforcer d’établir un nouveau pacte avec la métropole actuelle et ses valeurs. Trois transitions sont donc à opérer dans nos manières de penser le Grand Paris :
MÉTROPOLISATION 4 / PENSER LE SYSTÈME OUVERTIntermédiations et parages : les nouveaux mondesPour faire advenir ces transitions et penser maintenant le Grand Paris comme un système ouvert, certains territoires sont amenés à jouer maintenant un rôle majeur. En effet, au carrefour des espèces d’espaces qui composent l’étendue métropolitaine, ces situations que nous qualifions d’intermédiaires ou de parages sont des zones où se nouent des intrigues, des endroits où les différentes composantes de la métropole entrent en conversation et produisent de nouvelles histoires, de nouvelles hypothèses. Ces territoires sont particulièrement intéressants parce qu’ils sont capables d’engendrer une intermédiation entre les parties ou les temporalités de la métropole, qui, bien que fonctionnellement interdépendantes, ont pourtant tendance à s’abstraire, à s’ignorer, voire à se protéger les unes des autres. Dans ces situations qui se sont largement inventées toutes seules, ce qui relève ailleurs de la juxtaposition ou du télescopage produit une forme d’interaction et d’épaisseur. Grâce à leur apparition, les « usual suspects » du territoire métropolitain (villages clubs, lotissements, zones d’activités, grands ensembles, dalles de villes nouvelles, bases de loisirs, etc.) acquièrent une sorte d’extension commune où leurs états d’âme respectifs se superposent, et qui donne une réalité géographique et sociale à leur proximité purement spatiale. Ainsi, plus que dans une addition interminable de périmètres, l’intermédiation se mettra en place dans un espace discontinu, pas forcément cartographiable, mais capable d’intégrer un champ de relations en constante effervescence. Loin de la notion uniformisante de centralité, c’est donc dans ces parages que l’on réinventera quotidiennement la métropole. Parce qu’ils ne cessent d’évoluer et de rebondir, ils ne peuvent pas être conçus, programmés et produits à l’avance. Leur vertu fondamentale est d’illustrer et de cultiver l’espoir que les composantes célibataires de la métropole vont pouvoir de nouveau constituer des mondes localement intéressants et résilients. ScénarisationMais comment penser une planification légère, capable de faire émerger de nouvelles intermédiations et de les mettre en système avec celles qui sont déjà là ? Comment penser les multiples échelles de ces relations métropolitaines dans le temps ? Comment imaginer un projet métropolitain rechargeable et adaptable à chaque période, et issu d’une méthode de collaboration transversale des acteurs ? Et comment accompagner ces dynamiques métropolitaines en constante évolution ? La méthode de la scénarisation permet de préfigurer cela. Car la tâche de l’urbaniste, en se rapprochant de celle du scénariste, consiste aujourd’hui à identifier les situations et les intrigues, non pas pour leur inventer une fin, mais pour les étoffer à mesure, au fil des saisons. La scénarisation n’est pas un récit idéologique, ni un programme sur cinq ans, c’est une oeuvre ouverte, une histoire évolutive et collective, qui, à la fois, suit de près et provoque les avancements de la métropolisation. À la différence d’un simple phasage, la scénarisation intègre des dispositifs rétroactifs qui permettent sa constante mise à jour et sa réévaluation. Les scénarios relatifs à un épisode particulier de l’histoire d’un territoire peuvent alors être associés aux pistes alternatives et aux potentiels imprévus qui les accompagnent. Le but de cette méthode est de recharger ou de réinventer l’outil de la planification, en convoquant toutes les temporalités, de celle du vécu individuel à celle des processus prospectifs propres à l’action collective, en tissant les liens nécessaires entre des histoires apparemment secondaires et d’autres plus connues, pour construire un récit global. Premier jetLe récit illustré propose un exemple de scénarisation du futur francilien, anticipant les innovations endogènes, les transformations sociétales et l’impact des grands projets. Il se construit autour de quatre moments forts du futur francilien, chacun porteur d’un sens spécifique et de nouveaux horizons que l’on pourrait commencer à préfigurer. Notre document de scénarisation forme une sorte de premier jet, une version zéro, qui montre qu’une vraie scénarisation construite et collective peut être l’outil de projet dont le Grand Paris a aujourd’hui besoin. Saison 1Des héros très discrets La condition métropolitaine se met en place dans des territoires qui ne sont pas sous les feux de la rampe. Le « cahier des charges » de l’action collective demandera d’identifier les « signaux faibles » de la mutation continue de la métropole, de repérer les points de convergence des mécanismes socioéconomiques et de leurs dynamiques. Saison 2La métropole n’attend pas le métro La métropole n’attend pas la lente mise en oeuvre du Grand Paris Express (GPE). Elle se transforme, silencieusement mais en profondeur. Le « cahier des charges » de l’action collective demandera alors de préparer les effets d’interdépendance entre les grands projets de l’investissement public (GPE), les dynamiques induites par le marché et les multiples innovations sociétales (la mobilité, le travail, l’habitat, le commerce…). Saison 3Le GPE dans une métropole qui a changé Le réseau Grand Paris Express, encore incomplet, fabrique des modèles très différents pour chaque ensemble territorial. Le Grand Paris émerge en tant que système de territoires intermédiaires qui associe deux dimensions : l’une dans l’interrelation des différentes plaques de la métropole ; l’autre tournée vers l’extérieur, vers d’autres régions métropolitaines de France et d’Europe. Saison 4Un nouveau cycle Après le cycle de « l’agglomération parisienne » et celui de la « métropole francilienne », c’est le temps d’un nouveau cycle et de nouveaux défis. L’intermédiaire réinvente Paris, qui digère et dépasse définitivement la référence haussmannienne, la saison 4 devient le prologue nécessaire d’une nouvelle scénarisation et, peut-être aussi, d’une nouvelle manière de scénariser, lorsque les enjeux écologiques auront réellement changé nos priorités. TVK / ACADIE / GÜLLER GÜLLER / BAS SMETS, Membre du Conseil scientifique de l’Atelier International du Grand Paris
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« L’habitabilité des territoires 2 - STUDIO 013-BERNARDO SECCHI ET PAOLA VIGANO |
Vers l’université libre du Grand Paris - AGENCE FRANÇOIS LECLERCQ / ATELIERS LION & ASSOCIÉS / AGENCE MARC MIMRAM » |